Questions concernant l’efficacité des antidépresseurs

[Déjà paru dans la rubrique " Bon à savoir " sur notre site Web le 29/2/08].

Les médias ont récemment attiré l’attention sur des études concernant les antidépresseurs: "Initial severity and antidepressant benefits: a meta-analysis of data submitted to the Food and Drug Administration". Cette analyse a paru dans PLoS Med [2008; 5 : 260–8] ], à consulter librement via medicine.plosjournals.org

Il s’agit d’une méta-analyse de toutes les études cliniques (publiées et non publiées) qui ont été envoyées à la Food and Drug Administration américaine dans le cadre de l’enregistrement des antidépresseurs suivants: fluoxétine, venlafaxine, néfazodone [non disponible en Belgique] et paroxétine. Les investigateurs ont examiné si la gravité de la dépression influençait l’efficacité des antidépresseurs. L’analyse montre qu’en cas de dépression légère à modérée, la réponse aux antidépresseurs n’est pratiquement pas meilleure que celle du placebo. Une réponse quelque peu meilleure a toutefois été obtenue dans des formes plus graves; cependant cette réponse n’était cliniquement significative qu’en cas de dépression très grave. Il est à signaler que la durée des études incluses était limitée (maximum 6 semaines).

La place des antidépresseurs dans la prise en charge de la dépression en première ligne est discutée dans les Folia van mars 2006 et dans le Répertoire Commenté des Médicaments. La conclusion est qu’en première ligne, il est primordial de distinguer les formes de dépression plus graves des formes moins graves, étant donné que cela a des implications importantes quant à la décision de référer le patient (entre autres en ce qui concerne le risque de suicide). Il y est en outre signalé que le fait de traiter un patient dépressif en première ligne ne signifie pas l’instauration systématique d’un traitement par antidépresseur. Certainement en cas de dépression mineure, mais aussi dans les formes legères et modérées de dépression majeure (" major depression "), la prise en charge non médicamenteuse est préférable, et l’étude mentionnée ci-dessus confirme qu’il n’a jamais été démontré de manière convaincante que la prise en charge médicamenteuse ait un effet plus prononcé que le placebo: l’effet placebo dans la dépression est important.