Contraceptifs oraux et carcinome mammaire

Dans plusieurs articles publiés précédemment dans les Folia, la prudence a été recommandée lors de la prescription de contraceptifs oraux à des femmes avec des antécédents de carcinome mammaire chez la mère, une soeur ou une fille [ Folia janvieri 1998 et juillet 1998]. Un risque plus élevé chez ces femmes n’avait cependant pas été démontré. Le JAMA a publié récemment les résultats d’une étude à ce sujet.

Des 426 femmes ayant développé un carcinome mammaire entre 1944 et 1952, et qui ont dès lors été recrutées pour participer à une étude sur les facteurs de risque de carcinome mammaire, un certain nombre de leurs proches ont été contactées entre 1991 et 1996: soeurs, filles, petites-filles, nièces et femmes apparentées par alliance. Le risque de carcinome mammaire chez les proches ayant pris à un certain moment un contraceptif oral a été comparé au risque chez des femmes avec le même lien de parenté n’ayant jamais pris de contraceptif oral. Les résultats montrent que seules les soeurs et les filles ont une augmentation statistiquement significative, par trois, du risque; ce risque augmentait avec le nombre de proches ayant eu un carcinome mammaire ou ovarien. Les résultats n’étaient pas modifiés lorsque des facteurs, tels le nombre de grossesses, l’âge auquel la patiente a eu son premier enfant, ses premières règles ou a été ménopausée, une ovariectomie éventuelle, le tabagisme ou des facteurs sociaux, étaient pris en considération.

L’auteur d’un éditorial dans le JAMA attire l’attention entre autres sur le fait qu’on ne sait pas encore si cette augmentation du risque par les contra-ceptifs oraux vaut pour toutes les femmes avec des antécédents familiaux, ou seulement pour celles porteuses des mutations génétiques BRCA1 et BRCA2. Etant donné que la plupart des femmes dans cette étude prenaient des contra-ceptifs oraux contenant plus de 50 μg d’estrogène, on ne sait pas encore non plus ce qu’il en est avec les contraceptifs oraux actuels faiblement dosés en estrogènes. Enfin, il faut signaler que les femmes génétiquement prédisposées au carcinome mammaire ont aussi un risque accru de carcinome ovarien, et les résultats d’études épidémiologiques indiquent que les contraceptifs oraux font justement baisser ce risque de carcinome ovarien. La décision de prescrire un contraceptif oral aux femmes ayant un risque accru de carcinome mammaire doit dès lors être prise après avoir évalué les facteurs de risque individuels de carcinome mammaire et ovarien ainsi que les avantages potentiels que pourrait apporter le contraceptif dans ce cas particulier.

D’après

  • D.M. Grabrick et al.: Risk of breast cancer with oral contraceptive use in women with a family history of breast cancer. JAMA 284 : 1791-1798(2000)
  • W. Burke: Oral contraceptives and breast cancer. A note of caution for high-risk women. JAMA 284 : 1837-1838(2000)