Les antiagrégants dans la prévention de la pré-éclampsie et de ses complications
Les formes graves de pré-éclampsie (augmentation de la tension artérielle avec protéinurie) et l’éclampsie (pré-éclampsie associée à des convulsions) sont une cause importante de mortalité chez la mère; la mortalité périnatale est également accrue. Bien que des informations rigoureuses fassent défaut, la morbidité chez la mère et l’enfant semble également élevée. L’hypothèse a été émise que les antiagrégants pouvaient prévenir ou retarder l’apparition de pré-éclampsie. Avec de faibles doses d’acide acétylsalicylique (60 à 150 mg/jour), les premières études étaient encourageantes, mais des études ultérieures, parfois à grande échelle, n’ont montré aucun effet sur les principaux paramètres tels la mortalité néonatale [voir Folia de octobre 1999 ]. Le British Medical Journal a publié récemment une revue systématique d’études portant sur l’efficacité et l’innocuité des antiagrégants dans la prévention de la pré-éclampsie et de ses complications; cette revue a été effectuée dans le cadre du travail de la Cochrane Collaboration . Dans cette revue, 39 études comportant au total 30.563 femmes avec un risque modéré à élevé de pré-éclampsie ont été incluses. La plupart des femmes prenaient de l’acide acétylsalicylique à faible dose (jusqu’à 75 mg par jour). Dans la plupart des études, l’acide acétylsalicylique fut comparé à un placebo. Les résultats montrent ce qui suit.
Les investigateurs concluent que les antiagrégants, surtout l’acide acétylsalicylique à faible dose, assurent un bénéfice léger à modéré dans la prévention de la pré-éclampsie. Ceci sous-entend néanmoins qu’un nombre élevé de femmes doivent être traitées pour prévenir un événement indésirable (par ex. une mort néonatale). Sur le plan de la santé publique, ce bénéfice même modéré peut toutefois valoir la peine. Dans l’attente de données supplémentaires quant à l’innocuité, il est recommandé de ne pas débuter le traitement avant 12 semaines de grossesse, et de ne pas utiliser des doses d’acide acétylsalicylique supérieures à 75 mg par jour. Les investigateurs insistent sur le fait qu’un certain nombre de questions ne sont pas résolues. Certaines femmes à risque tirent-elles un bénéfice plus grand ? Existe-t-il un plus grand bénéfice à débuter un traitement avant 12 semaines de grossesse, ou à utiliser des doses plus élevées d’acide acétylsalicylique, sans augmenter pour autant le risque d’effets indésirables ? D’après l’auteur d’un commentaire dans Evidence-Based Medicine , les femmes qui obtiendront probablement le plus grand bénéfice d’un traitement sont celles avec des antécédents de pré-éclampsie et celles présentant une hypertension chronique ou une affection telle un diabète ou des problèmes rénaux. Les femmes avec des facteurs de risque moins graves (par ex. grossesse multiple, antécédents familiaux de pré-éclampsie, mères âgées de moins de 20 ans, élévation peu marquée de la tension artérielle sans protéinurie) obtiendraient aussi un bénéfice de ce traitement. D’après
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