A propos de la récente “Lettre à l’attention des professionnels de la santé” concernant le piroxicam 21 septembre 2007

 

Les médecins et pharmaciens ont reçu récemment une “Lettre à l’attention des professionnels de la santé” provenant des différentes firmes qui commercialisent une spécialité à base de piroxicam à propos de ce médicament.  Le contexte de cette lettre n’ayant pas toujours été compris, nous apportons ici quelques éclaircissements.

 

Fin 2004, après le retrait des spécialités à base du rofécoxib,  un anti-inflammatoire non stéroïdien COX-2 sélectif (Vioxx®, VioxxDolor®) en raison de risques cardio-vasculaires,  l’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency ou EMEA) a débuté une réévaluation des risques et des bénéfices des AINS, en premier lieu des AINS COX-2 sélectifs, mais ensuite aussi des AINS COX non sélectifs [voir à ce sujet entre autres les Folia de mai 2005 et les communiqués du 17/06/2005 et du 30/06/2005 dans la rubrique “Bon à savoir” sur notre site Web].

Lors de la réévaluation des AINS COX non sélectifs, un risque accru d’effets indésirables gastro-intestinaux et de réactions cutanées graves (syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell) avait été suspecté avec le piroxicam par rapport aux autres AINS non sélectifs.  A la demande de la Commission européenne, l’EMEA a dès lors débuté une réévaluation du piroxicam.

Le 25 juin 2007, l’EMEA a fait connaître les conclusions de la réévaluation [communiqué de presse via http://www.emea.europa.eu/pdfs/human/press/pr/26514407en.pdf].

La conclusion de cette réévaluation est que les données disponibles indiquent en effet un risque accru d’effets indésirables gastro-intestinaux et de réactions cutanées graves avec le piroxicam par rapport aux autres AINS COX non sélectifs.  Les indications dans la notice des spécialités à base de piroxicam sont dès lors limitées au “soulagement symptomatique de l’arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarhrite ankylosante”, en stipulant que, même dans ces indications, le piroxicam n’est pas un premier choix  lorsqu’un AINS est indiqué.  De plus, les avertissements concernant la toxicité gastro-intestinale et les réactions cutanées graves sont renforcés.   C’est cette conclusion qui a été annoncée récemment dans la  “Lettre à l’attention des professionnels de la santé”.

 

Encore quelques remarques.

- Pour les indications qui peuvent encore être mentionnées dans les notices de spécialités à base de piroxicam, il n’existe pas non plus de preuve que le piroxicam soit plus efficace que les autres AINS.

- Les patients atteints d’une des affections mentionnées ci-dessus appartiennent souvent à une population plus âgée, et donc plus vulnérable, certainement en ce qui concerne les effets indésirables gastro-intestinaux.  De plus, le piroxicam a une longue demi-vie  (jusqu’à 50 heures), ce qui peut poser des problèmes supplémentaires.

 

En conclusion, on peut dire qu’il existe encore peu d’arguments pour utiliser le piroxicam.  Il est difficile de se prononcer à propos des autres oxicams (méloxicam, ténoxicam), mais il n’est pas exclu que ces mêmes avertissements et conclusions s ‘appliquent également à ces molécules.