Bêta-bloquants chez les patients atteints de BPCO ou d’asthme


Abstract
  • Chez les patients atteints de BPCO , la plupart des auteurs s’accordent à dire que les β-bloquants cardiosélectifs peuvent être utilisés de manière sûre lorsqu’un β-bloquant est indiqué pour l’une ou l’autre raison (par ex. après un infarctus du myocarde). Lors de l’administration de la première dose, il convient toutefois d’observer le patient vu la possibilité d’apparition d’un bronchospasme. En ce qui concerne les β-bloquants non cardiosélectifs, les données sont plus limitées.
  • Chez les patients asthmatiques , il convient d' être encore plus prudent en ce qui concerne l’utilisation de ces médicaments.

Chez les patients asthmatiques ou atteints de BPCO traités par un β-bloquant (le plus souvent un β-bloquant non cardiosélectif), des bronchospasmes aigus sont décrits. C’est pourquoi les β-bloquants, surtout les β-bloquants non cardiosélectifs, sont classiquement contre-indiqués chez les patients asthmatiques ou atteints de BPCO. Ces dernières années, des nuances ont été apportées à ces contre-indications.


BPCO

Comme le mentionne le Répertoire Commenté des Médicaments, il est généralement admis que la BPCO constitue une contre-indication relative à l’utilisation de β-bloquants. Il y a cependant de plus en plus de preuves attestant que les β-bloquants cardiosélectifs (à savoir avec une sélectivité β 1 : acébutolol, aténolol, bétaxolol, bisoprolol, céliprolol, esmolol, métoprolol, nébivolol) peuvent être utilisés de manière sûre chez les patients atteints de BPCO.

  • Une analyse d’études randomisées réalisée par la Cochrane Collaboration révèle que, chez les patients atteints de BPCO, les β-bloquants cardiosélectifs (administrés en une prise unique ou utilisés pendant 2 jours à 16 semaines) n’ont pas d’impact négatif sur la fonction pulmonaire (p. ex. le VEMS) ou sur la réponse respiratoire aux β2-mimétiques [ Cochrane Database Syst Rev 2005; 4 Art. No.:CD003566 (contenu mis à jour 17/08/10; doi.:10.1002/14651858.CD003566.pub2.) ].
  • Deux études d’observation récentes chez des patients atteints de BPCO révèlent une mortalité totale moins élevée chez les patients prenant un β-bloquant (par ex. en raison d’une hypertension, d’angor ou d’un infarctus du myocarde) que chez les patients ne prenant pas de β-bloquant, et ce indépendamment de la gravité de la BPCO et du traitement de celle-ci. Il s’agissait surtout de β-bloquants cardiosélectifs (les détails, par ex. en ce qui concerne la dose, ne sont pas mentionnés par les auteurs). [ Arch Intern Med 2010; 170: 880-7 , avec un éditorial : 849-50 ; Brit Med J 2011; 342: d2549(doi:10.1136/bmj.d2549) , avec un éditorial : d2655(doi:10.1136/bmj.d2655)

La plupart des auteurs s’accordent à dire que les β-bloquants cardiosélectifs peuvent être utilisés chez des patients atteints de BPCO lorsqu’un β-bloquant est indiqué pour l’une ou l’autre raison (par ex. après un infarctus du myocarde). Lors de l’administration de la première dose, il convient toutefois d’observer le patient vu la possibilité d’apparition d’un bronchospasme. Si un bronchospasme devait survenir, les auteurs de l’éditorial dans le British Medical Journal sont d’avis qu’il est préférable d' administrer un anticholinergique par inhalation [n.d.l.r.: le traitement par le β-bloquant peut en principe être poursuivi].

Les données en ce qui concerne l’utilisation de β-bloquants non cardiosélectifs chez les patients atteints de BPCO sont plus limitées. Vu leurs propriétés pharmacologiques, une plus grande prudence est de rigueur.


Asthme

Dans le Répertoire, l’asthme figure comme contre-indication pour les β-bloquants, surtout, mais pas exclusivement, pour les β-bloquants non cardiosélectifs. Une analyse d’études randomisées réalisée par la Cochrane Collaboration a evalué l’usage de β-bloquants cardiosélectifs en cas d’asthme. Il en ressort que, chez les patients présentant un asthme léger à modérément sévère, l’administration d’une dose unique d’un β-bloquant cardiosélectif diminue légèrement le VEMS, sans toutefois augmenter les symptômes respiratoires ou diminuer la réponse aux β2-mimétiques. Dans des études d’une durée de 3 à 28 jours, aucune diminution du VEMS ou de la réponse aux β2-mimétiques n’a été observée; il est même suggéré que les β-bloquants cardiosélectifs sans activité sympathomimétique intrinsèque (tels que le métoprolol, le bisoprolol) augmentent la réponse aux β2-mimétiques. On ne dispose pas de données en ce qui concerne les patients atteints d’un asthme grave, ou l’utilisation prolongée de β-bloquants et de leurs conséquences éventuelles sur la fréquence ou la gravité des exacerbations aiguës d’asthme. [ Cochrane Database Syst Rev 2002; 4Art. No.:CD002992 (contenu mis à jour jusqu’au 03/06/07; doi:10.1002/14651858.CD002992); ; Lancet 2009; 373: 104-5 ]

Ces résultats nuancent quelque peu la notion de contre-indication des β-bloquants cardiosélectifs dans l’asthme léger à modérément sévère.