Premiers résultats des études cliniques menées avec les vaccins contre le virus influenza H1N1 pandémique 22 septembre 2009

 

Des études cliniques sont actuellement menées à divers endroits du monde avec des vaccins contre le virus influenza H1N1 pandémique. Le New England Journal of Medicine (http://content.nejm.org/) a publié early online, ce 10 septembre, les résultats préliminaires de deux études cliniques.

-          Il ressort de l’étude Greenberg et al. (n=240, 18-64 ans, étude australienne) que, 21 jours après l’administration d’une seule dose du vaccin pandémique (vaccin inactivé; 15 µg ou 30 µg d’antigène par dose), le seuil de la réponse immunitaire, à partir duquel on admet qu’une protection est conférée (taux d’anticorps ≥ 1:40 avec le test d’inhibition de l'hémagglutination), a été atteint chez respectivement 96,7% (15 µg d’antigène) et 93,3% (30 µg d’antigène) des personnes. Les effets indésirables étaient les suivants: des réactions au niveau du site d’injection et des symptômes systémiques (surtout céphalées), généralement de nature modérée à moyennement sévère, rapportés par environ 45% des personnes.

-          Il ressort de l’étude Clark et al. (n=100, 18-50 ans, étude du Royaume-Uni) que, 14 à 21 jours après l’administration du vaccin pandémique (vaccin adjuvé à base d’antigène de surface; 7,5 µg d’antigène par dose), le seuil de la réponse immunitaire, à partir duquel on admet qu’une protection est conférée (cf. ci-dessus), a été atteint tant chez les personnes ayant reçu une seule dose que chez celles qui en avaient reçu deux à ce moment-là. Comme effets indésirables, on a observé des réactions au niveau du site d’injection (70 %) et des réactions systémiques (surtout des myalgies: 42%).

 

Quelques remarques

- Outre les vaccins utilisés dans ces études, on teste actuellement d’autres vaccins avec des procédés de fabrication différents (avec des adjuvants différents par exemple ou produits à partir d’oeufs de poule fécondés ou de cultures cellulaires). On ne peut donc pas simplement extrapoler les résultats de ces vaccins à d’autres vaccins pandémiques.

- Les résultats de ces études indiquent qu’une seule dose (vaccin inactivé avec 15 µg d’antigène ou vaccin adjuvé avec 7,5 µg d’antigène) pourrait suffire chez les adultes en bonne santé, en tout cas à court terme. On ignore encore si c’est également le cas chez les enfants, les personnes plus âgées ou à facteurs de risque de complications liées à la grippe, mais ceci fait l’objet d’études supplémentaires. La réponse immunitaire à plus long terme avec 1 dose versus 2 doses doit également faire l’objet d’études ultérieures.

- L’étude Greenberg a fait une constatation intéressante, à savoir que des taux d’anticorps protecteurs contre le virus H1N1 pandémique étaient présents at baseline (donc avant l’administration du vaccin) chez environ 30% des personnes, indépendamment de leur âge.

  • On pouvait s’attendre à cette constation dans la population âgée, vu que ces personnes ont de grandes chances d’avoir été exposées aux virus influenza H1N1 qui circulaient avant 1957 et qui sont apparentés au virus influenza H1N1 pandémique actuel. Une autre étude ayant été publiée early online ce 10 septembre, sur le site Web du New England Journal of Medicine, et ayant mesuré les anticorps à réaction croisée, en vient à la même conclusion en ce qui concerne les personnes âgées.

  • Ce qui est inattendu, c’est que dans l’étude Greenberg, les taux d’anticorps protecteurs at baseline étaient également présents chez 30% des jeunes personnes incluses dans l’étude. On donne à ce sujet comme explications possibles: une exposition récente au virus influenza H1N1 pandémique avant la vaccination (en effet, l‘étude a été menée durant la saison hivernale 2009 en Australie, au moment où le virus influenza H1N1 pandémique circulait) ou une réactivité croisée avec le vaccin contre la grippe saisonnière 2009 (qui avait été administré à 45% des personnes incluses dans l’étude). Cette dernière hypothèse est cependant considérée comme peu plausible sur base d’autres études. Il n’est pas clair comment il faut expliquer ces résultats inattendus, qui doivent être analysés plus en profondeur.

- Les résultats finaux de ces études et d’autres études en cours constitueront une source importante pour la mise au point de recommandations concernant la stratégie de vaccination contre le virus influenza pandémique (définition des groupes à risque, nombre de doses). Les recommandations, bien que basées sur les mêmes données, s’annoncent cependant divergentes. Ainsi, les recommandations concernant la vaccination contre le virus H1N1 pandémique du Center for Disease Control and Prevention américain (www.cdc.gov/swineflu/) ne considèrent par exemple pas les personnes âgées de plus de 60 ans comme groupe cible prioritaire pour la vaccination, contrairement aux recommandations du Rijksinstituut voor Gezondheid en Milieu néerlandais (www.rivm.nl/cib/themas/nieuwe-influenza/).

- On sait aujourd’hui qu’en Belgique, on utilisera un vaccin adjuvé, mais on ne connaît pas plus de détails. Il n’y a pas non plus jusqu’à présent de recommandations concrètes en Belgique. Nous vous tenons au courant.