Bon à savoir 14 juillet 2015

En France, le programme de vaccination généralisée des nourrissons contre le rotavirus est arrêté en raison du risque d’invagination intestinale

Voir aussi communiqué du 30/07/15 dans la rubrique "Bon à savoir".

Le risque d’invagination intestinale peut être accru dans les premiers jours qui suivent la vaccination contre le rotavirus (vaccins disponibles: Rotarix®, Rotatecq®); l’augmentation du risque est estimée entre 1 et 5 cas pour 100.000 enfants vaccinés [voir Folia de septembre 2014 et Répertoire chapitre 12.1.1.10.]. Le Haut Conseil de la santé publique en France  (un organe consultatif scientifique comparable au Conseil Supérieur de la Santé en Belgique) a décidé récemment d'arrêter le programme de vaccination généralisée des nourrissons contre le rotavirus[1]. Cette décision fait suite aux résultats d’une analyse effectuée par les autorités de la santé françaises, des données disponibles en matière de risque d’invagination intestinale après vaccination contre le rotavirus. La décision de ne plus recommander la vaccination généralisée en France repose sur les éléments suivants: (1) des complications graves d’invagination intestinale, parmi lesquelles deux décès en France, ont été rapportées, bien qu'un lien de causalité avec le vaccin n’ait pas toujours pu être constaté; (2) il ne semble pas possible de définir les facteurs de risque d'invagination intestinale après vaccination contre le rotavirus; (3) on présume que les cas d’invagination intestinale après vaccination contre le rotavirus sont plus graves que les cas survenant “spontanément” (ce qui peut s’expliquer par une prise en charge tardive en raison d’un diagnostic tardif).  Il est toujours possible de procéder à la vaccination  de manière individuelle, tout en étant attentif aux signes d’invagination intestinale.

En Belgique, la vaccination contre le rotavirus est reprise depuis 2006 dans le calendrier vaccinal de base des nourrissons, recommandé par le Conseil Supérieur de la Santé. Les vaccins contre le rotavirus ne sont pas mis à disposition gratuitement par les Communautés; ils sont toutefois partiellement remboursés (catégorie bf) chez les enfants de moins de 6 mois.

 

Commentaire du CBIP

- Chez les enfants qui ont récemment été vaccinés contre le rotavirus, il est important d’être attentif à des plaintes pouvant évoquer une invagination intestinale telles que douleurs abdominales sévères, vomissements persistants, selles sanguinolentes, ballonnements abdominaux, fièvre élevée. Toute suspicion d’invagination intestinale suite à la vaccination contre le rotavirus sera de préférence notifiée au Centre de Pharmacovigilance (en utilisant la fiche jaune imprimée ou via www.fichejaune.be).

- Quelle est l'importance du risque d’invagination intestinale par rapport à l’efficacité de la vaccination contre le rotavirus ? La vaccination contre le rotavirus est efficace pour prévenir des formes sévères de gastro-entérite due au rotavirus et diminuer le nombre d’hospitalisations. En valeurs absolues, l’avantage est toutefois modeste dans les pays industrialisés comme la Belgique, , étant donné que le risque de complications graves d’une infection par le rotavirus est très faible dans de tels pays. Un effet favorable sur la mortalité n’a pas été constaté, mais les études n’avaient pas suffisamment de puissance statistique pour pouvoir évaluer cet effet.[2]

- C'est la raison pour laquelle le rapport coût/bénéfice de la vaccination contre le rotavirus dans des pays comme le nôtre, est moins favorable que dans des pays avec un moindre niveau de soins de santé primaires. Dans le Répertoire, la conclusion est la suivante: “Dans des pays comme le nôtre avec un risque très faible de complications, la vaccination contre le rotavirus paraît moins essentielle que d’autres vaccinations.”


[2]Cochrane Database of Systematic Reviews2012, Issue 11. Art. No.: CD008521. DOI:10.1002/14651858.CD008521.pub3. ; ISP, service Epidémiologie des maladies infectieuses.  “Maladie infectieuses pédiatriques à prévention vaccinale”, rapport annuel 2013, sur https://www.wiv-isp.be/SiteCollectionDocuments/Maladies%20infectieuses%20pédiatriques%20à%20prévention%20vaccinale.%20Rapport%20annuel%202013.pdf(p. 90 à 95 y compris) ; The BMJ 2012;345:e4752 (doi:10.1136/bmj.e4752), avec éditorial e5286 (doi:10.1136/bmj.e5286)