Bon à savoir: actualité concernant le lien possible entre la dompéridone et le risque de mort subite

[Voir aussi " bon à savoir" du 12/10/11 sur notre site Web]

Dans le numéro de Knack du 12 octobre 2011, un article a été publié au sujet de la dompéridone (Motilium® et autres noms de spécialité), dans lequel le pharmacologue belge Luc Hondeghem tire la sonnette d’alarme sur la prise de dompéridone qui pourrait être associée à un risque de mort subite. La presse fait largement écho de cet article.


Que sait-on au sujet de la dompéridone et du risque de mort subite?

  • Lors de l’administration intraveineuse de doses élevées de dompéridone, en prévention des vomissements liés à la chimiothérapie chez les adultes, de rares cas d’arythmies ventriculaires et de mort subite ont été rapportés; en raison de ces rapports, les formes parentérales de dompéridone ont été retirées du marché il y a plusieurs années.
  • Concernant l’administration orale de dompéridone, l’hypothèse d’un risque de mort subite repose principalement sur les résultats de trois études cas-témoins [ Br J Clin Pharmacol 2006; 63: 216-23 ; Drug Safety 2010; 33: 1003-14 ; Pharmacoepidemiology and Drug Safety 2010; 19: 881-8 ]. Les résultats suggèrent une augmentation du risque de mort subite, qui est dose-dépendante et renforcée par des interactions pharmacocinétiques.

C’est en extrapolant des données d'une de ces études que l’article de Knack fait une estimation de l’incidence de la mort subite liée à la dompéridone en Belgique. Les études castémoins permettent de signaler des effets indésirables, mais elles ne possèdent pas le niveau de preuve des études randomisées contrôlées. Quelques cas de torsades de pointes avec la dompéridone ont également été rapportés au Canada, mais le lien de causalité était difficile à évaluer.

Dans l’article "Prise en charge du reflux gastro-oesophagien chez les jeunes enfants" [voir Folia d' août 2011 ], on concluait qu’une "relation entre la dompéridone et l’allongement de l’intervalle QT chez les jeunes enfants est suspectée", mais que "ceci est peu documenté, en particulier en ce qui concerne le risque éventuel de torsades de pointes".


Que doit-on en retenir ?

Chez la plupart des patients, la dompéridone est utilisée de manière symptomatique, pour soulager des symptômes anodins. Dans de tels cas, une augmentation même minime d’un risque grave influence fortement la décision d’utiliser un médicament. Dans l’attente de données complémentaires, la prudence semble de mise lors de l’utilisation de dompéridone, a fortiori chez les patients présentant d’autres facteurs de risque de torsades de pointes (voir Introduction du Répertoire Commenté des Médicaments).

[Voir aussi communiqué de l'AFMPS du 26/10/11; via www.afmps.be , mot-clé: dompéridone]