Insuffisance cardiaque et troubles de la fonction hépatique causés par les glitazones

La rosiglitazone (AVANDIA) et la pioglitazone (ACTOS) sont des hypoglycémiants de la classe des glitazones (ou thiazolidinediones). Les glitazones diminuent la résistance à l’insuline et sont utilisées dans le traitement du diabète de type 2 en association à la metformine ou à un sulfamidé hypoglycémiant; l’association avec l’insuline est contre-indiquée [voir aussi Folia d’ avril 2003 ]. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés avec les glitazones sont: prise de poids liée à une rétention hydrosodée, troubles gastro-intestinaux, anémie, céphalées; une aggravation d’une insuffisance cardiaque et des troubles de la fonction hépatique surviennent moins fréquemment, mais sont néanmoins importants.


Insuffisance cardiaque

Le Centre de Pharmacovigilance a enregistré avec la rosiglitazone cinq cas d’apparition ou d’aggravation d’une insuffisance cardiaque. Etant donné la présence d’affections sous-jacentes et la prise concomitante d’autres médicaments, le lien de cause à effet est difficile à évaluer. Le Centre n’a pas enregistré de notification de décompensation cardiaque attribuée à la pioglitazone. Actuellement, on ne dispose d' aucune étude permettant de conclure à une différence de risque entre la rosiglitazone et la pioglitazone. Le résumé des caractéristiques du produit, c.-à-d. la notice scientifique, des glitazones mentionne que ces médicaments peuvent occasionner une rétention hydrique susceptible de provoquer ou d’aggraver une insuffisance cardiaque. L’apparition de signes ou de symptômes d’insuffisance cardiaque chez un patient traité par une glitazone doit faire envisager une cause médicamenteuse et, le cas échéant, l’arrêt du traitement. Selon une étude de cohortes rétrospective, l’incidence de l’insuffisance cardiaque après 40 mois de prise d’une glitazone est de 8,2%, versus 5,3% dans le groupe traité par d’autres antidiabétiques oraux [ Diabetes Care 26 : 2983-2989(2003)] . La rétention hydrique induite par les glitazones semble résister aux diurétiques mais disparaît rapidement à l’arrêt du traitement [ Circulation 107 : 1350-1354(2003) ].

Un traitement par une glitazone est contre-indiqué chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque. Un article paru dans Circulation [108 : 2941-2948(2003)] recommande de débuter le traitement à une faible posologie chez les patients présentant des facteurs de risque d’insuffisance cardiaque (p.ex. antécédents de coronaropathie, hypertension). Il faut aussi tenir compte de la prise concomitante d’autres médicaments favorisant la rétention hydrosodée, p.ex. les AINS.


Troubles de la fonction hépatique

La troglitazone, une glitazone jamais enregistrée en Belgique a, voilà quelques années, été retirée du marché au niveau mondial en raison de son hépatotoxicité. Des troubles de la fonction hépatique sont très rarement décrits avec la rosiglitazone et la pioglitazone. Le Centre a enregistré des cas d’hépatite cholestatique impliquant la rosiglitazone (n=2) ou la pioglitazone (n=1) ainsi que des cas de perturbation des tests hépatiques, sans symptôme clinique, avec la rosiglitazone (n=2). Le résumé des caractéristiques du produit recommande un contrôle régulier des enzymes hépatiques (selon les notices américaine et néerlandaise, tous les deux mois pendant la première année de traitement) et l’arrêt du traitement si, après deux contrôles successifs, la valeur de l’alaninetransférase (ALT) est supérieure à trois fois la limite supérieure normale. Les glitazones sont contre-indiquées chez les patients insuffisants hépatiques.