COVID-19 : le zinc est-il utile dans le COVID-19 (associé ou non à l'hydroxychloroquine) ? Il n'y a aucune preuve clinique. 23 avril 2020

De nombreux sites font état d’un possible effet positif du zinc sur le COVID-19. Sur quoi se fonde cette assertion ?

  • Certaines études suggèrent un effet limité du zinc sur les symptômes du rhume banal qui est notamment causé par des coronavirus. Dans les Folia d'octobre 2011 et d'octobre 2012, nous concluions à ce sujet que le zinc est susceptible de réduire la durée et la sévérité des symptômes du rhume banal, mais que les études sont trop hétérogènes pour formuler une recommandation. Cette conclusion était basée sur une Cochrane review qui a été retirée en 2015 en raison de problèmes de traitement des données, et sur une méta-analyse du CMAJ (2012). Une étude récente (randomisée et en double aveugle, voir BMJ Open) ne révèle aucun bénéfice du zinc sur les symptômes du rhume banal. Impossible donc de se prononcer à ce sujet pour l’instant, et l'extrapolation aux tableaux cliniques du COVID-19 est donc tout à fait hypothétique.

  • Des données in vitro suggèrent que le zinc pourrait inhiber la réplication d'un autre coronavirus (SARS-CoV, responsable du SRAS) (Plos Pathogens, 2010). Comme le soulignent également d'autres chercheurs, l'activité in vitro ne garantit aucunement l'activité in vivo (quelle est la dose obtenue in vivo ?, l'effet est-il temporaire ou persistant ?, existe-t-il des mécanismes inhibiteurs in vivo ? …).

  • L’association du zinc avec l'hydroxychloroquine (HCQ) suscite également beaucoup d’intérêt. Des données in vitro suggèrent que l’HCQ est un ionophore du zinc (Plos One 2014), c'est-à-dire que l’HCQ faciliterait le transport du zinc dans la cellule. Certains suggèrent donc que l’HCQ devrait être prise avec du zinc chez les patients COVID-19 [voir notre BàS du 22/04/20]. Il s'agit là d'un concept purement théorique / in vitro, et à nouveau, il n'existe aucune preuve clinique étayant l’efficacité de cette association dans le COVID-19.

Conclusion

Il n'existe actuellement aucune preuve clinique d'un quelconque effet du zinc, seul ou en association à l’HCQ, contre le SARS-CoV2 (responsable du COVID-19). Il n’est pas possible de déduire des effets in vivo, et encore moins des effets sur le virus SRAS-CoV2, à partir des éventuels effets in vitro sur d’autres virus.
En ce qui concerne les données actuelles étayant l’utilisation de l’HCQ dans le COVID-19, voir notre BàS du 22/04/20.