Avertissements concernant l’usage d’antidépresseurs chez les jeunes 17 septembre 2004

Des informations ont été publiées dans la presse concernant l’usage d’antidépresseurs chez les jeunes et sur le fait qu’ils pourraient entraîner des comportements suicidaires. Nous souhaitons apporter ici quelques remarques.

Des avertissements avaient déjà été publiés dans le courant de l’année 2003 au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis concernant l’usage des antidépresseurs paroxétine et venlafaxine chez les enfants et les adolescents [voir Folia de janvier 2004]. Des études avaient en effet suscité des inquiétudes quant à leur efficacité dans cette tranche d’âge, et montraient un risque accru de comportements suicidaires et d’automutilation (« self-harm ») dans le groupe traité par rapport au groupe placebo. Des analyses de l’efficacité et de l’innocuité d’autres antidépresseurs, en particulier les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), étaient alors en cours.

Entre-temps, les autorités de la Santé au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ont publié les résultats de leurs analyses sur leurs sites web. Leur avis actuel concernant le risque de comportement suicidaire est le suivant.

- Les autorités de la santé au Royaume Uni concluent que dans les études réalisées chez les jeunes, les comportements suicidaires et/ou d’automutilation étaient plus fréquents avec la sertraline, le citalopram, la paroxétine et la venlafaxine par rapport au placebo; avec la fluoxétine et la mirtazapine, le risque n’était pas plus élevé par rapport au placebo; en ce qui concerne l’escitalopram et la fluvoxamine, des données provenant d’études cliniques font défaut. [Via http://www.mca.gov.uk/ourwork/monitorsafequalmed/safetymessages/ssrioverview_101203.htm ]
- Dans son dernier avis, les autorités de la santé aux Etats-Unis estiment qu’il n’est pas possible pour le moment de conclure si les antidépresseurs étudiés (citalopram, escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, mirtazapine, néfazodone, paroxétine, sertraline et venlafaxine) jouent un rôle dans l’apparition du comportement suicidaire, mais elles soulignent la nécessité de suivre les patients de près, certainement en début de traitement [via http://www.fda.gov/medwatch/SAFETY/2004/safety04.htm#antidepressants ]
Il est difficile pour le moment de conclure s’il existe réellement un lien causal entre le comportement suicidaire et les antidépresseurs. En Belgique, les antidépresseurs ne sont pas enregistrés pour le traitement de la dépression chez les enfants et les adolescents. C’est également le cas dans de nombreux autres pays (à l’exception de la fluoxétine qui est enregistrée à cette fin aux Etats-Unis). Les antidépresseurs sont cependant souvent utilisés « off-label », c.-à-d. en dehors des indications mentionnées dans la notice.

Un article plus détaillé sur la place des antidépresseurs chez l’enfant sera publié dans les Folia de novembre.

Noms de spécialités (Répertoire Commenté des Médicaments, mis à jour en août 2004)
Bupropion: Zyban
Citalopram: Cipramil, Citalopram EG, Citalopram Bexal, Citalopram Sandoz, Citalopram-Ratiopharm, Merck-citalopram
Escitalopram: Sipralexa
Fluoxétine: Docfluoxetine, Fluox, Fluoxemed, Fluoxephar, Fluoxetine EG, Fluoxetine Sandoz, Fluoxetop, Fluoxone, Fontex, Merck-Fluoxetine, Prosimed, Prozac
Fluvoxamine : Floxyfral, Fluvoxamine EG, Fluvoxamine Sandoz, Fluvoxamiphar
Mirtazapine: Remergon
Néfazodone (non disponible en Belgique)
Paroxétine : Aropax, Seroxat
Sertraline : Serlain
Venlafaxine : Efexor