L’ulipristal n’est pas recommandé comme méthode de contraception d’urgence après oubli d’une pilule contraceptive contenant un progestatif.
Les études évaluant l’efficacité des méthodes de contraception d’urgence portent sur des femmes qui ne prennent pas de contraception hormonale.
Les progestatifs diminuent la capacité de l’ulipristal à retarder ou inhiber l’ovulation lorsqu’ils sont administrés juste après la prise de l’ulipristal. Théoriquement, il est possible qu’un taux résiduel d’un progestatif (en cas d’oubli de la pilule contraceptive) puisse avoir le même effet. Bien que la notice ne le mentionne pas, par mesure de précaution, l’ulipristal n’est pas recommandé comme méthode de contraception d’urgence après oubli d’une pilule contraceptive (≥ 2 comprimés) contenant un progestatif. Dans ce cas, le lévonorgestrel ou le dispositif intra-utérin cuivré sont le premier choix. Lorsqu’il est prévu d’instaurer ou de reprendre une contraception hormonale contenant un progestatif après la prise d’ulipristal, il est recommandé d’attendre au moins 5 jours et d’utiliser une méthode contraceptive barrière jusqu’à ce que la contraception hormonale fasse effet.

L’efficacité de l’ulipristal en cas d’oubli d’une pilule n’a pas été étudiée. Les études portent toutes sur des femmes qui ne prennent pas la pilule.
Dans notre article sur la contraception d’urgence paru dans les Folia de septembre 2019, nous mentionnons qu’ »il y a un antagonisme d’effet entre les contraceptifs (estroprogestatifs et progestatifs) et l’ulipristal. Les progestatifs peuvent donc diminuer l’efficacité de l’ulipristal. De ce fait, l’ulipristal n’est pas recommandé lorsqu’un progestatif a été utilisé au cours des 7 derniers jours. Pour la même raison, un délai minimal de 5 jours entre la prise d’ulipristal et l’instauration ou la reprise d’une contraception hormonale contenant un progestatif est recommandé. »
Un lecteur nous a fait remarquer que dans la notice de la spécialité EllaOne®, il est écrit ce qui suit : « ellaOne est un contraceptif dont l’objet est d’éviter une grossesse après un rapport sexuel non protégé ou en cas d’échec de votre méthode contraceptive. » et « Il se peut que ce médicament rende temporairement moins efficaces les contraceptifs hormonaux réguliers tels que les pilules et les patchs. Si vous prenez actuellement un contraceptif hormonal, continuez à l’utiliser comme d’habitude après avoir pris ce médicament, mais prenez soin d’utiliser ensuite des préservatifs chaque fois que vous avez des rapports sexuels jusqu’à vos prochaines règles. »

Ces deux affirmations méritent d’être nuancées. L’antagonisme d’effet entre l’ulipristal et les progestatifs est documenté dans plusieurs sources1,2. Le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) explique ceci: « Du fait que l’ulipristal acétate se lie au récepteur de la progestérone avec une forte affinité, il peut interférer avec l’action des médicaments qui contiennent un progestatif ».
Il a été démontré qu’un contraceptif à base de désogestrel réduit de façon significative la capacité de l’ulipristal à inhiber ou retarder l’ovulation lorsqu’il est débuté juste après la prise de l’ulipristal. On ne sait pas si d’autres progestatifs sont également concernés par cette interaction, mais cela semble théoriquement possible. En absence de preuves et par mesure de précaution, on considère que tous les contraceptifs hormonaux à base d’un progestatif interagissent avec l’ulipristal et il est recommandé d’attendre 5 jours après la prise de l’ulipristal avant de (re)commencer une contraception hormonale à base d’un progestatif. L’effet d’un progestatif administré avant la prise de l’ulipristal n’a pas été étudié mais théoriquement, il est possible qu’un taux résiduel d’un progestatif (en cas d’oubli de prise) puisse diminuer l’efficacité de l’ulipristal. Après oubli de la pilule contraceptive (au moins deux pilules oubliées, voir organigramme 6.a.), il y a un taux résiduel d’hormones dans le sang. C’est pourquoi l’ulipristal n’est pas recommandé lorsqu’un progestatif a été utilisé au cours des 7 derniers jours.1

Sur la base de ces données, le CBIP est d’avis que, par mesure de précaution, il ne vaut mieux pas utiliser l’ulipristal comme méthode de contraception d’urgence après oubli d’une pilule contraceptive (≥ 2 comprimés) contenant un progestatif. Dans ce cas, le lévonorgestrel est le premier choix de contraception d’urgence endéans les 72 heures suivant un rapport sexuel non protégé. Le dispositif intra-utérin cuivré peut être placé jusqu’à 5 jours après un rapport sexuel non protégé. Lorsqu’il est prévu d’instaurer une contraception hormonale contenant un progestatif après la prise d’ulipristal, il est recommandé d’attendre au moins 5 jours et d’utiliser une méthode contraceptive barrière jusqu’à ce que la contraception hormonale fasse effet.

Sources

1 FSRH guideline: Emergency contraception. Faculty of Sexual & Reproductive Healthcare, 2017.
2 Substance(s): ulipristal. Guide interactions médicamenteuses de La Revue Prescrire 2019 ; 1153-4.