Sélections

Douleur et fièvre :

  • Douleur nociceptive : seconde étape, après échec du paracétamol en monothérapie, pendant une période limitée, à une dose aussi faible que possible et toujours en association à un IPP.

Pathologies ostéo-articulaires:

  • Arthrose :
    • Deuxième choix, après le paracétamol, en cas d'atteinte douloureuse d'autres articulations que celles du genou ou de la main.
    • Troisième choix, après le paracétamol et les AINS topiques, en cas d'atteinte douloureuse de la main ou du genou (indication limitée par les complications plus fréquentes chez les personnes âgées).
  • Crise de goutte aiguë : choix entre colchicine, ibuprofène et méthylprednisolone, en fonction des caractéristiques du patient.

Motivation

Douleur nociceptive aigue ou chronique (ea dans l'arthrose) :

  • Les AINS sont efficaces pour réduire la douleur mais les données d’efficacité chez les personnes âgées sont rares. les personnes âgées sont particulièrement vulnérables face aux effets indésirables potentiels des AINS, en particulier au niveau gastro-intestinal, cardiovasculaire et rénal, raison pour laquelle ils constituent une seconde étape de traitement, après le paracétamol.
  • Pour des raisons de sécurité, chez la personne âgée, en cas de contrôle insuffisant de la douleur avec le paracétamol, il est préférable d’opter pour un AINS à usage local (par exemple le diclofénac en crème dans l’arthose des mains et la gonarthrose) ou un AINS à courte demi-vie, comme par exemple l’ibuprofène (demi-vie de 2 heures). Le traitement sera la plus court possible et à la dose la plus faible efficace. Chez les patients âgés de 65 ans et plus, en particulier si présence de facteurs de risque de saignements gastro-intestinal, il est recommandé d’associer à l’AINS per os un IPP dans le but de réduire les risques.
  • Chez les patients âgés, comme pour les autres patients dans la douleur chronique, le traitement médicamenteux ne représente qu'un seul aspect de la prise en charge globale de la douleur et doit s'intégrer dans une approche pluridisciplinaire.

Crise de goutte :

  • Une synthèse de la littérature publiée en 2017, ​​​​​souligne le faible nombre d’études comparatives versus placebo et conclut à des preuves d’efficacité équivalente de la colchicine, des AINS et des corticostéroïdes dans le traitement de la crise de goutte.
  • Le choix préférentiel parmi les traitements médicamenteux sera individualisé en fonction des effets indésirables potentiels et du bénéfice de précédents traitements de crise de goutte.
  • Avec l’ibuprofène, prudence en cas d’ulcère peptique ou présence d’affections cardiaque ou rénales.

Indication
Douleur nociceptive (seconde étape - durée limitée) Crise de goutte
Critères de
sélection
Efficacité + +
Sécurité + +/-
Facilité d'emploi
Coût
Consensus
d'experts
+ +


Posologie

Pas d’adaptation de la dose nécessaire sur base de l’âge.
La dose de l´AINS doit être la plus faible possible et la durée du traitement limitée au maximum.

Une prise une heure avant le repas peut augmenter la rapidité d'action; la prise au cours ou juste après le repas pourrait cependant réduire le risque d’irritation de l’estomac (voir Folia de avril 2024).

  • Doses de départ 200 à 400 mg par prise, respecter un intervalle de 4 à 6 h entre les prises, max 1,2 g par jour, en 3 prises.
  • En cas de poussée douloureuse plus aiguë : max 4 x 600 mg par jour, jusqu’au contrôle de la douleur.

En cas d'insuffisance rénale

  • Prudence dans l’établissement de la dose de départ chez les patients avec insuffisance rénale légère à modérée.
  • Éviter l'ibuprofène à partir d'une clairance de la créatinine <30 ml /min.
  • L'ibuprofène peut provoquer une insuffisance rénale aiguë chez des patients dont la fonction ou la perfusion rénale est déjà perturbée (par ex. en cas d'insuffisance cardiaque, de déshydratation ou de cirrhose), raison pour laquelle une surveillance s’impose.

Couper et broyer

Précautions d’utilisation

PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES

  • Chez les personnes âgées: les effets indésirables des AINS sont plus fréquents et ont souvent des conséquences plus graves, en particulier au niveau cardiovasculaire et rénal ainsi que gastrointestinal, avec des hémorragies et des perforations, qui peuvent avoir une issue fatale. C’est la raison pour laquelle il est préférable de :
    • Prescrire un IPP en association à l’ibuprofène per os.
    • Informer les patients âgés qui présentent des antécédents de maladie gastro-intestinale qu’ils doivent signaler tout symptôme abdominal inhabituel (en particulier tout symptôme précoce d'une hémorragie gastro-intestinale) survenant en début de traitement.
    • Prévoir un suivi de la fonction rénale pendant la durée du traitement.
    • En cas d'association avec des corticoïdes, de l'acetyl salicylique ou d'autre médicaments anti-aggrégants.
  • En cas de zona: augmentation du risque de complications dermatologiques graves.
  • En cas de pathologies inflammatoires de l'intestin: risque d'aggravation.
  • Lors de canicule, risque d’aggravation des effets d’un coup de chaleur.

Les rubriques ci-dessous concernent le groupe médicamenteux auquel appartient le médicament décrit ici, si elles sont disponibles dans le Répertoire Commenté des Médicaments.

Effets indésirables

  • Troubles gastro-intestinaux et ulcères.
    • Tous les AINS peuvent provoquer des effets indésirables gastro-intestinaux sévères, parfois sans symptômes préalables.
    • Le risque de complications gastro-intestinales dépend du type d’AINS mais également de sa dose, de l’âge du patient (>60 ans), et de la présence ou non d’antécédents d’ulcères.
    • La question de savoir dans quelle mesure ce risque varie d’un AINS à un autre reste l’objet de discussions. Les différents oxicams (voir 9.1.1.3. Oxicams) et le kétorolac présenteraient un risque plus élevé d’effets indésirables gastro-intestinaux et de complications d’ulcères telles que hémorragie et perforation. Avec l'ibuprofène et les AINS COX-2 sélectifs, le risque d'ulcère et de complications d’ulcère serait plus faible qu'avec les autres AINS.
    • Ces lésions gastro-intestinales surviennent peu importe la voie d’administration des AINS, même par voie parentérale et rectale.
    • L’ajout, à un AINS, d’un IPP ou du misoprostol permet de réduire la toxicité gastro-intestinale des AINS, sans éliminer ce risque. Un effet protecteur partiel sur les complications ulcéreuses telles que perforation ou hémorragie a été démontré (voir 3.1. Pathologie gastrique et duodénale).
  • Infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux [voir Folia de septembre 2014, Folia de juin 2015 et Folia de novembre 2015].
    • Ce risque est probablement le plus important pour les AINS COX-2 sélectifs, l'acéclofénac et le diclofénac. Le naproxène et de faibles doses d’ibuprofène semblent avoir le moins de risque cardio-vasculaire. Ce risque ne peut être exclu pour aucun AINS.
    • Ce risque est vraisemblablement dose-dépendant.
  • Rétention hydrique avec aggravation de l'insuffisance cardiaque chronique et augmentation du risque d'insuffisance cardiaque aiguë.
  • Élévation de la pression artérielle.
  • Insuffisance rénale aiguë et chronique:
    • Adulte: insuffisance rénale aiguë. Surtout en cas de situations à risque: déplétion volémique consécutive à la prise de diurétiques ou à une restriction sodée, préexistence d'une insuffisance cardiaque, d'une insuffisance rénale chronique, d'une cirrhose hépatique avec ascite, d'un syndrome néphrotique ou d'une artériopathie périphérique, en cas de prise concomitante d'IECA, ou de sartans. La prudence est de mise même pour les adultes en bonne santé faisant des efforts physiques importants [voir Folia d'août 2020].
    • Personnes âgées: aussi en cas de diarrhée (voir rubrique “Patients âgés”).
    • Enfant: insuffisance rénale aiguë surtout en cas de déshydratation (fièvre ou diarrhée) ou avec des doses élevées.
    • Rare: néphrite interstitielle, syndrome néphrotique.
  • Hémorragies, troubles hématologiques.
  • Réactions d’hypersensibilité (p.ex. bronchospasme, angiœdème), avec parfois des réactions croisées avec l’acide acétylsalicylique ou avec un autre AINS.
  • Hyperkaliémie, surtout chez les patients en insuffisance rénale ou ceux traités par des suppléments de potassium, des diurétiques d’épargne potassique, des IECA, des sartans ou de l’héparine (en ce qui concerne l'hyperkaliémie, voir Intro.6.2.7. Hyperkaliémie).
  • Diminution réversible de la fertilité chez la femme en cas d’usage chronique.
  • Céphalées, vertiges et confusion, surtout avec les dérivés arylacétiques et indoliques.
  • Hépatotoxicité: élévation réversible des transaminases fréquemment rapportée; rarement insuffisance hépatique aiguë potentiellement fatale. Le diclofénac est le plus souvent associé à des effets indésirables hépatiques.
  • Apparition et aggravation de diverses affections cutanées, allant jusqu’aux syndromes de Lyell ou Stevens-Johnson, avec tous les AINS (particulièrement avec les oxicams).
  • Masquage des symptômes d’une infection sous-jacente (fièvre, douleur) et sous-estimation de sa gravité, notamment dans le contexte d’une pneumonie bactérienne acquise communautaire ou de complications bactériennes de la varicelle [voir Folia de juillet 2020].

Interactions

  • Risque accru de lésions GI dues aux AINS en cas d’utilisation concomitante de corticostéroïdes systémiques, d’acide acétylsalicylique (même à faibles doses) ou de consommation chronique ou excessive d’alcool.
  • En cas d’association à l'acide acétylsalicylique, même à faibles doses, le bénéfice gastro-intestinal des AINS COX-2 sélectifs diminue.
  • Risque accru d’hémorragie due aux AINS en cas d’utilisation simultanée d’antithrombotiques, d’acide acétylsalicylique (même à faibles doses), ou de certains antidépresseurs (IRSS, IRSN, vortioxétine) [voir Folia d'avril 2024]. Lors de l’utilisation concomitante d’un antagoniste de la vitamine K, le piroxicam augmente plus le risque d’hémorragie que les autres AINS.
  • Diminution probable de l’effet cardioprotecteur de l’acide acétylsalicylique par certains AINS (surtout étudié pour l’ibuprofène). L'effet cardioprotecteur de l'acide acétylsalicylique pourrait être maintenu en administrant l’AINS quelques heures après l'acide acétylsalicylique.
  • Risque accru de néphrotoxicité de la ciclosporine.
  • Augmentation du risque d’effets indésirables du méthotrexate utilisé à des doses oncologiques (>25 mg par semaine).
  • Risque accru d'acidose lactique provoqué par la metformine.
  • Diminution de l'effet des diurétiques et de la plupart des antihypertenseurs.
  • Élévation plus prononcée de la kaliémie en cas d’association à des diurétiques d’épargne potassique, des suppléments de potassium, des IECA, des sartans et aux héparines.
  • Détérioration de la fonction rénale (avec risque encore accru d'insuffisance rénale aiguë) en cas d’association à des diurétiques, des IECA ou des sartans, surtout en cas de sténose des artères rénales ou de déplétion volémique (par exemple diarrhée aiguë), et certainement en cas de traitement concomitant avec un AINS et un diurétique, simultanément avec un IECA ou un sartan.
  • Risque accru d'insuffisance cardiaque en association à la pioglitazone.
  • Augmentation de la lithiémie par diminution de l’excrétion rénale.
  • Le diclofénac, l'ibuprofène, l’indométacine, le méloxicam, le naproxène et le piroxicam sont des substrats du CYP2C9 (voir Tableau Ic. dans Intro.6.3.).
  • Le célécoxib est un substrat du CYP2C9 et un inhibiteur du CYP2D6 (voir Tableau Ic. dans Intro.6.3.).
  • L’ibuprofène est un substrat du CYP2C8 (voir Tableau Ic. dans Intro.6.3.).

Contre-indications

  • Grossesse: après la 20ème semaine.
  • Ulcère gastro-duodénal actif.
  • Antécédents d’hémorragie gastro-intestinale ou de perforation associés à un traitement antérieur par AINS.
  • Colite ulcéreuse active ou maladie de Crohn.
  • Hémorragies actives ou troubles de la coagulation, dyscrasies sanguines.
  • Antécédents d'asthme ou d'urticaire secondaires à la prise d'acide acétylsalicylique ou d'un AINS.
  • Déshydratation sévère.
  • Insuffisance cardiaque modérée à sévère.
  • Insuffisance rénale.
  • Insuffisance hépatique: elle figure parmi les contre-indications dans le RCP de la plupart des AINS utilisés par voie systémique. Sur le site Web “geneesmiddelenbijlevercirrose.nl”, les AINS sont considérés comme “à éviter” en cas de cirrhose hépatique.
  • AINS COX-2 sélectifs, acéclofénac, diclofénac et ibuprofène à dose élevée et prolongée (≥2400mg/jour): aussi coronaropathie, antécédents de maladies vasculaires cérébrales, artériopathie périphérique.
  • Étoricoxib: aussi hypertension non contrôlée.

Tableau de prix