La phénylpropanolamine à des fins anorexigènes

L' opinion du Comité des Spécialités Pharmaceutiques (CSP), l' organe scientifique d' avis de l' Agence Européenne pour l' Evaluation des Médicaments , concernant les anorexigènes à action centrale a été commentée dans les Folia de novembre 1999 . On y mentionnait que l' opinion du CSP ne concernait pas certaines amines sympathicomimétiques à action centrale susceptibles d' être utilisées comme anorexigène, à savoir la phénylpropanolamine - aussi appelée noréphédrine- et d' autres dérivés de l' amphétamine, mais que leur utilisation à cette fin doit également être proscrite.

En ce qui concerne la phénylpropanolamine, on attirait l' attention sur les risques de troubles du rythme cardiaque et de troubles psychiatriques, et sur le danger que pourrait représenter une utilisation accrue de celle-ci, en remplacement des anorexigènes retirés du marché. Aucune spécialité à base de phénylpropanolamine disponible en Belgique n' est indiquée comme anorexigène. Ce principe actif est cependant présent dans un certain nombre de spécialités à usage oral proposées dans le traitement de la rhinite (DENORAL, NASAPERT, ORNADE, RINOMAR, SINUTAB).

A la lueur d' un article récent publié dans La Revue Prescrire [19 : 599(1999)] , il nous est dès lors apparu utile de rappeler les données disponibles concernant l' effet anorexigène et les risques de la phénylpropanolamine.

  • L' efficacité à court terme de la phénylpropanolamine comme anorexigène est faible: dans quelques études de courte durée, on a observé avec la phénylpropanolamine (75 mg p. j.) une perte de poids de 1 à 2 kg après 6 à 8 semaines. Quant à son efficacité à long terme, aucune donnée n' est disponible.
  • Les effets indésirables de la phénylpropanolamine sont surtout de nature cardiaque et neurologique. Une étude de 142 cas publiés d' effets indésirables liés à la phénylpropanolamine, utilisée comme anorexigène ou dans la rhinite, laisse apparaître que les céphalées constituent l' effet indésirable le plus fréquent. Les autres effets indésirables observés étaient notamment des poussées d' hypertension artérielle, parfois accompagnée d' une encéphalopathie hypertensive ainsi que des troubles du rythme cardiaque, des convulsions, des crises d' angoisse, des hallucinations, de la confusion et des troubles psychiatriques. Une étude randomisée en double aveugle versus placebo, menée chez des volontaires sains, a montré qu' une seule prise de 150 mg de phénylpropanolamine provoque une augmentation temporaire de la tension artérielle; par rapport au placebo, l' augmentation de la tension systolique était supérieure à 30 mmHg et celle de la diastolique était presque de 20 mmHg.

La place des dérivés amphétaminiques dans la prise en charge de l' obésité est très limitée. Par ailleurs, un effet favorable à long terme sur la morbidité et la mortalité n' a été démontré pour aucun anorexigène. D' autres médicaments, comme les diurétiques et des hormones thyroïdiennes, sont parfois utilisés: ils n' ont aucune place dans le traitement de l' obésité. Les préparations magistrales à visée anorexigène contenant plusieurs substances sont toujours à proscrire. [Voir aussi article &quotTraitement de l' obésité&quot paru dans les "Behandeling van obesitas" Folia de juin 1999 ].