Cardioversion médicamenteuse dans la fibrillation auriculaire paroxystique: auto-traitement


Abstract

La fibrillation auriculaire est l’arythmie cardiaque la plus fréquemment rencontrée en pratique générale. Dans bon nombre de cas, il s’agit de la forme paroxystique c.-à-d. d’épisodes récurrents de fibrillation auriculaire de courte durée. Ces épisodes disparaissent souvent spontanément dans les 48 heures, mais le patient peut être gêné par des symptômes tels palpitations, vertiges, dyspnée, fatigue ou douleurs précordiales. Ces épisodes aigus répondent généralement bien à une cardioversion électrique ou à une cardioversion médicamenteuse, p. ex. par administration intraveineuse d’un antiarythmique tels le flécaïnide, le propafénone, l’amiodarone ou la quinidine. Ces techniques de remise en rythme sinusal doivent se faire sous contrôle électrocardiographique en milieu spécialisé [voir Folia de janvier 2004 et Fiche de transparence Prise en charge de la fibrillation auriculaire avec mises à jour].

D’après des recommandations émises par NICE [via http://guidance.nice.org.uk/CG36/ guidance/pdf/English ], une cardioversion médicamenteuse ambulatoire (' pill in the pocket approach') est possible et sûre chez certains patients, et permet de réduire le nombre d’hospitalisations par rapport aux techniques de cardioversion classiquement utilisées. Au moment où survient l’épisode de fibrillation auriculaire, le patient prend lui-même par voie orale une dose unique d’un antiarythmique tel le flécaïnide (sous forme de comprimés à libération non prolongée: 200 mg chez les patients <70 kg, 300 mg chez les patients ≥70 kg) ou le propafénone (450 mg chez les patients <70 kg, 600 mg chez les patients ≥70 kg). Un tel traitement ne peut toutefois être envisagé que chez les patients répondant aux critères suivants.

  • Episodes symptomatiques de fibrillation auriculaire paroxystique peu fréquents (jusqu’à 3 à 4 fois par an).
  • Absence de dysfonction ventriculaire gauche, ou de cardiopathie ischémique ou valvulaire sous-jacente.
  • Pression artérielle systolique > 100 mmHg.
  • Fréquence cardiaque au repos >70 battements/minute.

Le patient doit toutefois avoir été traité avec succès lors d’un épisode préalable par le même médicament administré par voie orale en milieu hospitalier. En l’absence d’amélioration des symptômes dans les 6 heures suivant la prise du médicament, une hospitalisation s’impose.

Il ne faut d’ailleurs pas oublier qu’outre le traitement symptomatique, la prévention des complications thrombo-emboliques est un objectif important dans la prise en charge de la fibrillation auriculaire. Lorsque le rythme sinusal n’est pas restauré après 48 heures, une anticoagulation orale est recommandée pendant 3 à 4 semaines avant d’envisager une cardioversion. Chez les patients qui présentent des épisodes fréquents de fibrillation auriculaire, un traitement antithrombotique chronique par l’acide acétylsalicylique ou par des anticoagulants oraux est à envisager. [Voir aussi Folia de juillet 2001 et de janvier 2004 ]


D’après

Camm AJ en Savelieva I.: Some patients with paroxysmal atrial fibrillation should carry flecainide or propafenone to self treat. Brit Med J 2007; 334: 637