– Pour la saison grippale 2018-2019, seuls les vaccins antigrippaux tétravalents (c’est-à-dire avec deux composantes de l’influenza A et deux composantes de l’influenza B) seront disponibles en Belgique. Il n’y a donc plus de vaccins trivalents. Par rapport aux vaccins trivalents, les vaccins tétravalents diminuent le risque d’inadéquation entre la composante du virus de l’influenza B dans le vaccin et les virus circulants de l’influenza B, mais il n’est pas clair dans quelle mesure cela offre des avantages cliniques chez l’adulte [voir Folia août 2017].
– La composition des vaccins antigrippaux tétravalents pour la saison 2018 - 2019, sur la base des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)1, est la suivante.
A/Michigan/45/2015 (H1N1)pdm09 ou une souche apparentée
A/Singapore/INFIMH-16-0019/2016 (H3N2) ou une souche apparentée
B/Colorado/06/2017 ou une souche apparentée (appelée “ligne B Victoria”)
B/Pukhet/3073/2013 ou une souche apparentée (appelée “ligne B Victoria”).
– Les spécialités disponibles en Belgique répondent aux normes de l’OMS pour 2018-2019. Il s’agit de : α-RIX-Tetra®, Vaxigrip Tetra®, Influvac Tetra®. Ce sont tous des vaccins injectables “inactivés”. Pour les vaccins, voir Répertoire, chapitre 12.1.1.5.
– Si le médecin indique sur l’ordonnance “vaccin antigrippal” au lieu d’un nom de spécialité, le pharmacien est autorisé à délivrer l’un des trois vaccins.
– En ce qui concerne la voie d’administration, il y a des différences selon les RCP, mais la motivation n’est pas claire.
– En ce qui concerne l’usage chez l’enfant, il y a des différences selon les RCP:
Bien que l'on considère que les vaccins antigrippaux actuellement disponibles offrent une protection partielle contre le risque d'infection grippale, l'impact global est modeste et au moins incomplet, surtout pendant les saisons où l'appariement entre les virus vaccinaux et les virus circulants est incomplet. Leur impact sur la morbidité et la mortalité reste incertain en raison de la qualité des données de l'étude. Néanmoins, chez les patients présentant une affection sous-jacente et les patients immunodéprimés, le rapport bénéfice/risque de la vaccination antigrippale est considéré comme favorable. La place de la vaccination antigrippale dans de nombreux autres groupes où la vaccination est également recommandée par les autorités sanitaires, par exemple les personnes en bonne santé âgées de 50 à 65 ans ou les personnes obèses, n'est pas claire. [Voir aussi Répertoire, chapitre 12.1.1.1.5. et Folia juillet 2013]. Vaccinés ou non, un certain nombre de mesures de précaution simples, telles se laver les mains régulièrement au savon et une bonne hygiène de base de l’éternuement et de toux, restent indispensables pour limiter la propagation du virus de la grippe et de l'infection, notamment en cas d'épidémie de grippe (en ce qui concerne les indices d'un effet préventif d'une bonne hygiène des mains, voir Cochrane 20112; en ce qui concerne les campagnes soutenues entre autres par le SPF Santé publique, voir https://www.vousetesendebonnesmains.be/fr et https://www.health.belgium.be/fr/sante/prenez-soin-de-vous/influences-de-lenvironnement/hygiene-des-mains).
Les groupes à risque tels que définis par le Conseil supérieur de la santé pour la saison 2018-20193 n'ont pas changé par rapport à la saison précédente, sauf qu'il est désormais recommandé de vacciner les femmes enceintes quel que soit le stade de la grossesse, alors qu'auparavant cela ne s'appliquait qu'aux femmes des deuxième et troisième trimestres de grossesse (voir aussi ci-dessous, "Femmes enceintes").
Les femmes enceintes (indépendamment du trimestre de grossesse) font partie des groupes cibles prioritaires pour la vaccination antigrippale, selon les recommandations des instances officielles en Belgique3, ainsi qu'aux États-Unis4 et au Royaume-Uni5, qu'elles présentent ou non des facteurs de risque sous-jacents de grippe à évolution grave. Selon le Conseil de la santé des Pays-Bas (Gezondheidsraad)6, la vaccination des femmes enceintes n'est recommandée qu'en présence de facteurs de risque de grippe à évolution grave. Les données scientifiques (et souvent l'absence de données) sont donc interprétées différemment par différents organismes. Les données disponibles (en particulier avec les vaccins trivalents) ne montrent aucun risque de vaccination antigrippale pour l'enfant à naître7. Depuis notre analyse dans les Folia de novembre 2013 de la justification de la vaccination contre la grippe des femmes enceintes, de nouvelles publications8 ont été publiées: elles confirment le contenu de l'article des Folia et renforcent la conclusion:
“La vaccination contre la grippe chez les femmes pendant le deuxième ou troisième trimestre de grossesse peut apporter un bénéfice limité pour la santé, mais davantage de données sont nécessaires concernant le bénéfice de la vaccination en termes de morbidité et de mortalité pour la mère et l’enfant. Il est évident que la présence de facteurs de risque supplémentaires chez une femme enceinte tels qu’une affection respiratoire ou cardiaque sous-jacente, augmente l’importance de la vaccination contre la grippe saisonnière. Les vaccins contre la grippe sont considérés comme inoffensifs durant la grossesse; l’expérience en ce qui concerne la vaccination contre la grippe chez les femmes pendant le premier trimestre de grossesse est toutefois faible.”
Les personnes immunodéficientes font partie des groupes cibles prioritaires de la vaccination contre la grippe. Deux publications récentes (Cochrane Review, 20189; Ned Tijdschr Geneeskd, 201810) analysent les preuves de l'efficacité et de l'innocuité de la vaccination antigrippale chez les adultes immunodéprimés atteints de cancer. Les auteurs des deux analyses concluent qu'il existe des indices d'un effet bénéfique sur la morbidité et la mortalité liées à la grippe, mais toutes les études ne montrent pas un avantage et la preuve d'un effet bénéfique est très faible (faible nombre d'études, faible qualité méthodologique). Néanmoins, ils affirment que le rapport bénéfice/risque de la vaccination antigrippale est positif chez ces patients. L'analyse du Ned Tijdschr Geneeskd concerne spécifiquement la vaccination contre la grippe pendant la chimiothérapie : bien que la vaccination soit offerte de préférence avant la chimiothérapie (en raison de la réponse immunitaire éventuellement réduite), il n'y a pas de contre-indication à la vaccination contre la grippe pendant la chimiothérapie.
Une Cochrane Review de 201311 sur la vaccination antigrippale chez l’enfant atteint d'un cancer traité par chimiothérapie ne peut, en raison de l'absence d'études, se prononcer quant à l'efficacité de la vaccination ; les études montrent une réponse immunitaire, mais celle-ci est plus faible que chez les enfants dont la chimiothérapie a pris fin ou que chez les enfants en bonne santé.
Selon les recommandations des organismes officiels en Belgique et ailleurs, les personnes qui sont actives dans le secteur des soins de santé font partie des groupes cibles prioritaires de la vaccination contre la grippe, avec comme principal objectif d’éviter la contamination des patients vulnérables. Tel que discuté en détail dans les Folia d’août 2017, cette recommandation n’est pas fortement soutenue.
Selon le Influenza Vaccine and Egg Allergy Practice Parameter Workgroup aux Etats-Unis, les patients ayant eu une réaction allergique aux œufs dans le passé peuvent être vaccinés contre la grippe sans précautions supplémentaires, même si la réaction était grave (recommandations 201712). Dans les études portant sur plus de 4 000 patients allergiques aux œufs (dont plus de 600 avec allergie grave aux œufs), aucune réaction anaphylactique n'a été signalée après la vaccination antigrippale, et les réactions mineures comme l'urticaire n'étaient pas plus fréquentes que chez les patients qui n'étaient pas allergiques aux œufs. Cependant, dans les RCP des vaccins antigrippaux disponibles en Belgique, la sensibilisation aux œufs est toujours considérée comme une contre-indication à la vaccination. Par mesure de précaution, il est toujours recommandé, comme indiqué dans le Répertoire (voir chapitre 12.1.), d'administrer le vaccin en milieu hospitalier à des personnes qui ont déjà eu des réactions aux œufs pouvant mettre la vie en danger, et à des patients asthmatiques allergiques aux protéines d’œuf de poulet. Pour des informations sur la prévention et la prise en charge du choc anaphylactique dans la vaccination des enfants et des adultes, voir Répertoire, Intro 7.3., Folia avril 2013 et l'avis du Conseil supérieur de la santé "Prévention et prise en charge du choc anaphylactique en cas de vaccination des enfants" (HGR 8802, 2012).