A partir du 1er septembre 2019, la Fédération Wallonie-Bruxelles1 et la Communauté flamande2 proposerons la vaccination gratuite contre le HPV également aux garçons de première année (Communauté flamande) ou de deuxième année (Fédération Wallonie-Bruxelles) d’enseignement secondaire. Avant, ce n’était le cas que pour les filles. Un schéma vaccinal en deux doses est également recommandé pour les garçons.
Dans la Communauté flamande, comme c’est déjà le cas pour les filles, le Gardasil 9® (HPV9) sera utilisé.
Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Gardasil 9® (HPV9) sera également utilisé, tant pour les garçons que pour les filles. Cervarix® (HPV2) ne sera donc plus utilisé.
La décision des Communautés d’offrir la vaccination aux garçons repose sur les éléments suivants.
L’Avis du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) sur la vaccination contre le HPV (Avis CSS9181, 20173), qui recommande favorablement l’extension de la vaccination aux garçons [pour une discussion détaillée de cet Avis, voir Folia avril 2018]. Le CSS recommande que la vaccination contre le HPV vise non seulement la prévention du cancer du col de l’utérus, mais aussi la prévention d’autres cancers moins fréquents liés au HPV, ainsi que la prévention des verrues ano-génitales (condylomes acuminés), et ce chez les filles et les garçons.
L’analyse coût-efficacité de la vaccination systématique des garçons contre le HPV, effectuée par le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) (KCE Reports 308B, janvier 20194). Sur la base des études pharmaco-économiques menées dans des contextes présentant des caractéristiques similaires à celles de la situation belge, le KCE conclut que "pour prévenir l’ensemble des cancers liés au HPV, l’extension de la vaccination aux garçons présenterait un rapport coût-efficacité favorable, quel que soit le vaccin utilisé".
Un certain nombre de facteurs plus difficiles à évaluer, tels que le fait d’éviter l’inégalité entre les sexes et le désir explicite de ne pas stigmatiser les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en concentrant la vaccination des hommes uniquement sur ce groupe, sont également des arguments avancés par les différents auteurs (CSS, KCE, Communautés) pour décider de vacciner tant les filles que les garçons.
L’efficacité5-8 du HPV2 (Cervarix®), du HPV4 (Gardasil®, plus disponible en Belgique depuis février 2019) et du HPV9 (Gardasil9®) est prouvée en termes de prévention des infections persistantes et des lésions précancéreuses (également de haut grade) au niveau du col de l’utérus, de la vulve, du vagin et de l’anus, causées par certains types de HPV oncogènes. Les données sur la prévention des lésions précancéreuses du pénis et oropharyngées liées au HPV sont limitées. Le HPV4 et le HPV9 réduisent considérablement l’incidence des verrues anogénitales. L’efficacité des vaccins est la plus grande chez les filles et les garçons qui sont HPV-négatifs au moment de la vaccination. Des questions subsistent quant au degré de protection croisée contre les types de virus non présents dans le vaccin, à la durée de la protection (chez les femmes, à l’heure actuelle, des preuves pour au moins 10 ans pour le HPV2 et le HPV4, au moins 6 ans pour le HPV9; chez les hommes, des preuves pour au moins 4 ans), et quant à l’ampleur de l’effet indirect de la vaccination sur les personnes non vaccinées (immunité de groupe).
Le coût de l’extension de la vaccination contre le HPV aux garçons se situe dans les limites du coût par année de vie gagnée qui est accepté, comme le postulent les économistes de la santé. Leur affirmation prend en compte l’immunité de groupe, la réduction du coût des vaccins HPV par les économies d’échelle, la protection des HSH (vu que les virus HPV circulent plus fréquemment dans cette population) et l’égalité des sexes.
Le suivi de l’épidémiologie des infections par le HPV et des lésions et cancers liés au HPV est nécessaire pour bien définir l’impact final de la vaccination sur l’incidence du cancer du col de l’utérus, et certainement sur l’incidence du cancer de la vulve, du vagin, de l’anus et du pénis et des cancers oropharyngés, qui sont plus rares et ont une période de latence encore plus longue que le cancer du col de l’utérus. Ceci est certainement aussi important pour déterminer la place future du dépistage du cancer (du col de l’utérus) pour les générations vaccinées. Pour donner une idée de la fréquence des cancers énumérés ci-dessus et des verrues ano-génitales, et de leur proportion qui est liée au HPV, nous reprenons dans le tableau les taux d’incidence mentionnés dans le rapport du KCE.
Taux d’incidence (cas/100.000 habitants) (chiffres belges du registre du cancer 2015) | Proportion liée au HPV (chiffres en Europe) | Types viraux couverts par le HPV2 (chiffres en Europe) | Types viraux couverts par le HPV9 (chiffres en Europe) | |
cancer du col de l’utérus | 10/100.000 | tous les cas | 73% | 90% |
cancer de la vulve | 2,5/100.000 | 18% | 84% | 94% |
cancer du vagin | 0,5/100.000 | 71% | 71% | 87% |
cancer anal | 1,6/100.000 (femmes) en 1,1/100.000 (hommes) | 88 % (sans différence significative entre les sexes) | 87% | 95% |
cancer du pénis | 1,3/100.000 | 32 % (61 % dans une petite étude belge) | 73% | 85% |
cancer oropharyngé | 2,9/100.000 (femmes) en 7,5/100.000 (hommes) | 15 à 80 % (25 % dans une étude belge) | 85% | 90% |
verrues ano-génitales | 13.000 à 20.000 nouveaux cas par an en Belgique (estimation sur base de chiffres européennes) | au moins 95% | 0% | 95% |
Le profil d’innocuité des vaccins contre le papillomavirus humain est bon, les réactions locales au site d’injection et les céphalées étant les effets indésirables les plus fréquents (voir aussi les RCP des vaccins). Le HPV9 (Gardasil 9®) fait l’objet d’une surveillance particulière au niveau européen (symbole▼), c’est-à-dire encore plus intensive que les vaccins plus anciens contre le HPV. Pour tous les vaccins HPV, il est important de signaler tous les effets indésirables suspects à l’AFMPS, afin de détecter les effets indésirables rares ou tardifs. En ce qui concerne la notification d’effets indésirables, voir la formation en ligne "Notification d’effets indésirables" dans la section "Auditorium" sur notre site Web.